La respiration est synonyme de la vie, c’est le premier besoin vital de l’homme, avant de boire et de manger.
Hélas, la respiration fait partie de nous et nous n’y prêtons guère attention. Souvent, quand on rentre de vacances et que l’on nous demande comment celles-ci se sont déroulées, nous répondons d’habitude automatiquement : « oui, on a bien mangé ».
Effectivement, la nourriture se trouve bien souvent au centre de notre attention. Être un bon mangeur est perçu positivement, contrairement au bon buveur. Aimer boire signifie plutôt aimer boire de l’alcool. Et pourtant, il y a des personnes qui aiment boire de l’eau, du café, du jus ou tout simplement un frappé aux fruits.
Respirer est plus important que boire, et boire est plus important que manger. Sans respirer, nous pouvons tenir plus ou moins trois minutes, sans eau, trois jours et sans nourriture, un mois. Hélas, l’être humain se préoccupe davantage de l’argent et des biens matériels. Je ne nie pas leur importance dans la vie. Consommer de la nourriture saine et bonne dépend aussi de nos moyens. Mais à quoi bon se préoccuper de tous ces biens si l’on ne respire plus ?
La conscience de respirer correctement se réveille petit à petit. De plus en plus, des articles sur la respiration et le souffle voient le jour, et l’on y parle de l’importance d’une bonne oxygénation de l’organisme. Pour attirer l’attention sur une bonne respiration, on propose différentes méthodes visant à augmenter le souffle. Elles sont toutes correctes et favorisent un apport abondant d’oxygène dans l’organisme. Toutefois, si l’on considère le phénomène de la respiration de plus près, une question se pose : selon quelle « méthode » respire-t-on durant le sommeil profond ? La réponse est évidente, et c’est la Nature et ses lois qui nous la donnent : d’une manière simple et efficace. La mâchoire libre de toutes contractions et l’abdomen détendu permettent un travail sans obstacle de la sangle abdominale et du diaphragme. Il s’agit de la respiration profonde, celle enclenchée durant le sommeil profond chez l’être humain. Elle constitue la base de l’enseignement du chant et de la pose de voix.
Pour respirer profondément et consciemment, nous sommes généralement debout, en posture stable, les jambes légèrement écartées. Il est également possible de s’exercer en étant assis sur une chaise ou même en étant allongé sur un lit, en veillant à ce que l’abdomen soit libre de toutes contraintes (pas de jambes croisées). Sachant que les muscles du dos participent à la respiration, évitons de nous appuyer sur le dossier d’une chaise !
La voix est un instrument dont l’apprentissage se fait d’une façon abstraite. Contrairement aux autres instruments, il est impossible de montrer le fonctionnement de la gorge. Même si l’élève entend la voix de son professeur, le résultat de l’exercice dépend, entre autres, des facultés auditives de l’élève et de son niveau de compréhension. C’est pourquoi, souvent, le professeur a recours à des images qui faciliteront une meilleure perception de sa démonstration.
Je propose donc de fermer les yeux pendant l’expérience, afin de mieux sentir et « voir » ce qu’il se passe dans la bouche.
Exercices
Bâiller est un exercice facile, sauf pour les personnes extrêmement crispées.
- Fermons les yeux et bâillons. Répétons cet exercice et « observons » comment la gorge s’ouvre et le palais se soulève. Pour encore mieux comprendre cette expérience, répétons sans cesse par exemple : « je suis fatigué » en enclenchant le bâillement. La voix « monte », ce qui prouve que le palais réagit également et que la gorge est bien ouverte.
Les narines jouent un rôle important.
- Ouvrons les narines aussi largement que possible. Nous inspirons donc l’air par la gorge et les narines bien ouvertes : la langue « plate » repose entre les dents. La pomme d’Adam (la proéminence laryngée) descend.
Les épaules
- Il est important que les épaules restent bien en place (elles ne peuvent pas « monter »). Imaginons pour cela que chaque épaule supporte un poids de 100 kg.
Les côtes
- Les côtes s’ouvrent le plus largement possible.
Inspiration
- À présent, les yeux fermés, les narines et la gorge bien ouvertes, la bouche fermée (les lèvres se touchant légèrement) et la mâchoire décontractée, inspirons par le nez et imaginons que se forme une grande colonne d’air. L’air « descend » le long de la trachée et des poumons jusqu’au fond de l’abdomen, en repoussant les côtes vers l’extérieur. Nous gonflons comme un ballon sans « laisser monter » les épaules et sans nous préoccuper du ventre. Celui-ci se dilate naturellement.
Expiration
- Retenons notre respiration un court moment, puis expirons lentement par la bouche en prononçant « ffff » et sans laisser s’affaisser la cage thoracique.
Si nous ouvrons simplement la bouche en expirant, nous risquons de provoquer un affaissement de la cage thoracique, ce qui n’est pas souhaitable. Prononcer « ffff » en expirant, comme si l’on voulait souffler les bougies d’un gâteau, mobilise la sangle abdominale.
Répétons cet exercice deux à trois fois, puis reposons-nous. L’afflux subit d’oxygène en grande quantité peut provoquer de légers vertiges, car le cerveau n’y est pas habitué. Le même effet peut être ressenti durant une promenade dans un parc ou dans un bois.
Conscients des bienfaits de la respiration profonde consciente, nous pouvons introduire cet exercice dans notre vie quotidienne : au bureau, devant la télévision, face à notre ordinateur, et nous pouvons même rentabiliser le temps d’attente dans le train, dans le bus ou dans le métro…
Si au début, un petit effort sera nécessaire pour nous encourager à répéter cet exercice, bientôt, notre organisme nous le réclamera non seulement en quantité, mais aussi en qualité. Cela deviendra un besoin émanant de notre intérieur, comme boire ou manger. C’est pourquoi il est impératif que chacun prenne soin de sa propre respiration profonde au quotidien.
Respirer autant que possible profondément pendant la journée apporte de l’oxygène au cerveau et rend notre esprit plus lucide.
Il est très important de considérer la respiration comme la fonction la plus importante dans la vie et paradoxalement, la plus négligée par l’être humain.
Les exercices de respiration peuvent s’avérer pour les uns difficiles, loin d’être naturels. Synchroniser la mâchoire relâchée, les épaules détendues et le travail adéquat de la cage thoracique peut représenter un exploit. Pour d’autres personnes, déjà initiées à la méditation et à la relaxation par exemple, cet exercice sera probablement complémentaire et ne présentera aucune difficulté particulière.
Il faut rappeler que la respiration profonde consciente n’est que le réapprentissage conscient de la respiration se déclenchant naturellement durant notre sommeil profond. Aucune méthode ni aucune école n’est requise ! La conscience endormie n’entrave pas le fonctionnement libre de la mâchoire, du diaphragme et de la sangle abdominale.
La respiration durant notre sommeil profond est simple et ô combien efficace !
J’ai tâché de présenter les exercices de la respiration profonde consciente de façon la plus explicite possible. Et pourtant, avant de les publier, j’ai demandé à plusieurs personnes non initiées de se livrer à l’exercice. Des questions supplémentaires furent posées par chacun, dans le souci de mieux comprendre chaque étape de celui-ci. Cela signifie que les cours de respiration profonde consciente avec un professeur s’imposeront si on veut les mener à bien. Il ne s’agit pas d’un apprentissage à long terme. À mon sens, il suffirait de deux à quatre cours sur la respiration profonde consciente avec une petite initiation à la pose de voix pour mieux cerner le sujet.
Ce sera un petit investissement pour un grand rendement !